Paroles tenues. En début de semaine, les médecins hospitaliers spécialistes du sida ont reçu une lettre de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM), leur indiquant que le Truvada, cette molécule utilisée en préventif pour éviter une infection liée au virus du sida, était désormais disponible en recommandation temporaire d’utilisation (RTU). Comme l’avait prévu et annoncé la ministre de la Santé, Marisol Touraine, faisant de la France le premier pays européen à pouvoir la prescrire.
«Le 1er décembre, nous vous avions annoncé la perspective de la mise en place d’une Recommandation temporaire d’utilisation pour le Truvada dans la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH, en tant qu’outil additionnel d’une stratégie de prévention diversifiée chez les personnes âgées de 18 ans ou plus, à haut risque d’acquisition du VIH par voie sexuelle, écrit ainsi Caroline Semaille, directrice à l’ANSM.L’inscription au remboursement de Truvada au titre de sa RTU ayant été récemment réalisée, la RTU de Truvada est à présent effective. Le laboratoire Gilead a mis à disposition des médecins un portail internet spécialement dédié, afin de permettre aux prescripteurs de compléter en ligne les fiches d’initiation et de survenue d’effets indésirables ainsi que pour déclarer la survenue d’une séroconversion.»

Prescription uniquement hospitalière

En ce début 2016, tout se met donc en place pour que le Truvada puisse être prescrit, et remboursé. Une bien bonne nouvelle, alors qu’il y a toujours plus de 6 000 nouvelles contaminations par an. En tout cas, c’est un changement majeur dans la palette des outils de prévention, à côté du préservatif, mais aussi du traitement que l’on peut prendre juste après une exposition à risque.
Aujourd’hui, la prescription ne peut être qu’hospitalière, mais la ministre de la Santé a annoncé que les anciens centres de dépistage anonyme et gratuit pourraient bientôt le faire. D’ores et déjà, à l’hôpital Saint-Louis à Paris, une consultation a été ouverte dans le service du professeur Jean-Michel Molina. A l’hôpital Tenon, le Pr Gilles Pialoux a reçu les premiers patients tandis que d’autres centres à Lyon, Nice, Nantes, Tourcoing ou Tours s’apprêtent à le faire.