Samstag, 12. Dezember 2015

RDC : RÉVOLU TEMPS DE PEUR POUR L'ALIGNEMENT À LA PRÈSIDENTIELLE

Katumbi 27 déc 2014 (1) - copie

Le gouverneur du Katanga avait fortement critiqué un possible troisième mandat du président Kabila fin décembre 2014 à Lubumbashi © DR
Dans des rencontres savamment orchestrées, l’ex-gouverneur continue de s’afficher avec les principaux leaders de l’opposition congolaise. Après Tshisekedi père à Bruxelles, Vital Kamerhe à Londres et à Lubumbashi, Moïse Katumbi a rencontré Félix Tshisekedi à Paris le 10 décembre, rapporte Jeune Afrique. Le message officiel qui en ressort porte, sans grande surprise, sur la nécessité d’une « alternance politique en 2016 », sans Joseph Kabila. Sur le dialogue national convoqué par le président congolais, les deux hommes sont également sur la même longueur d’onde. Katumbi et Thsisekedi pensent qu’il s’agit d’un subterfuge du chef de l’Etat pour prolonger son mandat au-delà du délai constitutionnel de 2016. Les deux leaders se seraient enfin mis d’accord sur une candidature unique à la prochaine présidentielle, sans en dire plus sur le nom de l’heureux élu.
L’homme sans parti
Moïse Katumbi prend donc de l’avance dans la course à la présidentielle, sans pour autant s’être déclaré officiellement candidat. La multiplication de ces rencontres avec tout ce que le Congo compte d’opposants le place ainsi au coeur du jeu politique, alors que l’ancien gouverneur du Katanga n’a toujours pas créé son propre parti. « L’homme sans parti politique », électron libre sur l’échiquier  congolais, peut désormais compter ses alliés. Au premier rang desquels se retrouvent les frondeurs du G7, comme Gabriel Kyungu, Olivier Kamitatu ou Pierre Lumbi. Même si certains pourraient être tentés de se présenter à la prochaine présidentielle (comme Kamitatu ou Kyungu), ces « seconds couteaux » de la scène politique congolaise savent très bien qu’en cas de candidature de Katumbi, ils ne feraient pas le poids et auraient tout intérêt à rejoindre l’équipe du président du TP Mazembe.
« Ticket Katumbi-Kamerhe »
Un « ralliement obligatoire » qui pourrait également s’imposer au patron de l’UNC, Vital Kamerhe en cas de candidature Katumbi. Si on sait que le président de l’UNC est «programmé » depuis longtemps pour la prochaine  présidentielle, l’arrivée surprise de Moïse Katumbi dans le camp des opposants à Joseph Kabila bouscule ses plans. Si Kamerhe pèse politiquement et électoralement (7,7% à la présidentielle de 2011), le leader de l’UNC sait qu’il ne pourra gagner la prochaine élection seul. En cumulant les voix de l’Est, fief de Kamerhe, et celles du Katanga de Katumbi, le poids de ce « ticket » pèserait lourd en cas d’élection. En fin politique, Kamerhe a donc décidé de se rapprocher de Katumbi, en s’affichant ostensiblement dans les tribunes du stade de Lubumbashi, après une première rencontre à Londres. L’histoire dira qui de Katumbi ou de Kamerhe s’est rapproché de l’autre. Les deux hommes sont ambitieux, et on imagine mal Katumbi et Kamehre ne pas se rêver dans le fauteuil présidentiel. Certains observateurs parient pourtant sur un ticket, Katumbi président, Kamerhe, Premier ministre… la combinaison la plus probable.
L’homme de la synthèse
En rencontrant l’ensemble du spectre politique de l’opposition congolaise, et en le faisant savoir, Katumbi réalise un joli coup politique. Sans être candidat, le Katangais apparaît déjà comme la seule personnalité politique de l’opposition capable de faire la synthèse entre l’UNC, l’UDPS, le G7 et même le MLC. Au mois d’octobre, on sait que des contacts ont été noués avec l’entourage de Jean-Pierre Bemba. En prison depuis 2008, le chairman du MLC n’a que peu de chance de sortir avant la prochaine échéance présidentielle… du pain béni pour Katumbi qui n’aura aucun mal à convaincre les principaux responsables du parti à Kinshasa de venir le rejoindre. Dans ce schéma « idéal », Katumbi peut en effet se frotter les mains.
La vraie bataille pour la présidentielle n’a pas commencé
Mais n’oublions pas deux choses. Premièrement : l’opposition peut afficher une « union de façade » tant qu’il s’agit de défendre la tenue des élections dans les délais constitutionnels. Mais une fois la date du scrutin connue, « l’union » aura de forte chance de se fissurer lorsqu’il s’agira de désigner le candidat unique de l’opposition et de distribuer les postes ministériels. La bataille pour le leadership de l’opposition aura alors vraiment commencé. Deuxièmement (et c’est la donnée la plus importante) : Joseph Kabila garde la maîtrise complète du temps… et du calendrier électoral. En jouant la montre, le président congolais attend le moment favorable pour dévoilé sa stratégie de maintien au pouvoir. Mais sans calendrier électoral, Katumbi ne peut être que spectateur du jeu du président congolais. Raison pour laquelle, l’ex-gouverneur du Katanga a tout son temps pour se déclarer candidat… et continuer à consulter.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia

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