les albinos sont victimes, mais le chiffre ne fait qu’augmenter
assure la directrice d’une association de défense des albinos
En Tanzanie, les albinos sont souvent enlevés, mutilés, tués, en proie à des croyances qui attribuent des pouvoirs magiques à leurs organes. Au moins 76 albinos auraient été tués depuis 2000, selon plusieurs associations. Difficile de connaître précisément le nombre d’attaques dont ils sont victimes, mais le chiffre ne fait qu’augmenter, assure la directrice d’Under the same sun (Sous le même soleil), une association de défense des albinos.
« En mai dernier, une dame de 40 ans, dans le nord de la Tanzanie, a été attaquée. En mars, c’était au tour d’un petit garçon dont les membres ont été coupés. Cette année, qui est une année d’élection, un albinos a été enlevé et tué, mais il y a eu aussi des attaques l’année dernière, quand nous avons eu des élections locales, décompte Vicky Ntetema. Il y a clairement un lien entre les attaques de personnes atteintes d’albinisme et les élections. Il faut que les politiques nous disent clairement comment ils comptent arrêter ces atrocités, comment ils comptent aider les albinos du point de vue de l’éducation et de la santé, mais ça, personne n’en parle. »
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Arrestations de sorciers
Le ministre de l’intérieur ne se fait pas d’illusions. En triturant son stylo, il égrène toutes les mesures faites pour lutter contre la sorcellerie : loi de 1928 qui punit ces pratiques, une interdiction du gouvernement en janvier, arrestations d’environ deux cents sorciers cette année, avertissements… Rien n’y fait.
« C’est très difficile d’endiguer ce phénomène, parce que c’est une croyance, profondément ancrée. Il faut que les personnes qui vont voir les sorciers, les politiques mais aussi les hommes d’affaires, comprennent qu’elles ne peuvent pas gagner avec des grigris, mais seulement grâce à leur travail et leur intelligence. C’est toute une éducation à refaire. »
La tâche semble immense. Selon une étude de 2010 du Pew Research Center, un centre de recherche américain, plus d’un Tanzanien sur deux croit en la sorcellerie : avec cette donnée, le pays s’élève au premier rang des 19 pays africains interrogés.
« Je n’irai pas voir de sorcier pour que mon candidat gagne, confie un jeune homme, l’écharpe de son parti favori enroulée autour du cou. Mais même si je le faisais, je ne vous le dirai pas, c’est tabou ici, et mal vu. »
Docteur Manyaunyau, lui, assure déjà connaître le nom du futur président tanzanien. Mais l’homme de 34 ans refuse de citer le vainqueur, car tous les principaux partis seraient venus le voir. « C’est Dieu qui décide ! » déclame-t-il, en allumant sa télé. Un énorme écran plat.
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